Le thème de ce nouveau numéro d’Expression Jazz, c’est l’Afrique.

 

Pour contextualiser notre écoute et nous donner quelques clés, petit retour en arrière pour une grande histoire : celle, longtemps occultée, de l’Afrique, l’Afrique noire en particulier. En Occident, il n’y a d’Histoire que lorsqu’elle est écrite, même si c’est un peu moins le cas de nos jours… Or en Afrique noire, de tout temps, l’histoire se transmet de façon orale, un peu comme le jazz d’ailleurs, qui n’est pas une musique écrite. Pas d’écrit en Afrique noire donc, à quelques exceptions près. De fait, avec la traite des Africains aux Amériques, l’exil forcé, l’esclavage, et l’acculturation, la mémoire de l’Afrique, aux Etats-Unis en particulier, s’est estompée, pourrait-on dire, et il a fallu des décennies pour que les communautés afro-américaines puissent se tourner à nouveau pleinement vers leurs origines.

Malgré le poids de cette histoire, les interdictions des pratiques culturelles et religieuses, la mémoire de l’Afrique s’est transmise : depuis les chants des esclaves jusqu’aux travaux des militants politiques, des universitaires, des intellectuels et des artistes. Et c’est pourquoi dans le jazz, comme dans toutes les musiques noires, l’Afrique résonne, mais de façon plus ou moins proche. Pour dire les choses autrement, les sonorités africaines ne sont pas immédiatement perceptibles dans nombre de  formes du jazz, sauf quand les musiciens américains font le choix de les intégrer pleinement, et ils ont été nombreux à le faire, en utilisant des instruments et des rythmes d’Afrique, ou en provoquant des rencontres, avec les cousins de Cuba par exemple. A l’inverse, des musiciens des Antilles et d’Afrique même, fans de jazz, leur ont rendu la visite.

C’est tout cela que l’on va entendre ce soir, et même un petit peu plus. Ce soir, nous allons entendre ce que nous disent quelques musiciens afro-américains de leur Afrique et ce que des musiciens africains nous disent de leur jazz.

C’est donc à une belle rencontre que je vous convie, une rencontre sur la terre africaine.

Pour prolonger l’écoute en lecture : « African Rythms », autobiographie de Randy Weston, Présence Africaine, 2014

 

Track List : 

 

McCoy Tyner, Man From Tanganyka

Tender Moments, Blue Note, 1967

 

Abdullah Ibrahim & Ekaya, Sotho Blue

Sotho Blue, Sunnyside, 2010

 

Hank Jones, Cheick-Tidiane Seck and The Mandinkas

Sarala, Gitanes Jazz Productions, 1995

 

Manu Dibango, Essimo

Makossa Man, Fiesta, 1973

 

The Randy Weston Sextet, Congolese Children

Randy !, Bakton Records, 1966

 

Mabuta feat. Shabaka Hutchings, Bamako Love Song

Welcome To This World, Afrosynth Records, 2018

 

Pharoah Sanders, Astral Travelling

Thembi, Impulse, 1970

 

Horace Silver, The Cape Verdean Blues

The Cape Verdean Blues, Blue Note, 1965