Le 26 octobre dernier, le tout jeune groupe grenoblois Pelouse donnait une première représentation officielle à la Bobine pour la sortie de son premier album. Subjugués par « ce rock sans guitare, ces textes poétiques et ces hommes-orchestres adeptes de musiques contemporaines improvisées », les programmateurs de Campus Grenoble choisissaient d’intégrer cet album dans son Airplay de décembre. Mais quels éléments font son originalité ?
Rencontre avec Xavier Machault, chanteur et fondateur du groupe
Pelouse.
Propos recueillis par Émilie Wadelle.

 

Pelouse, une histoire de circonstances

La formation de Pelouse, tout comme les projets artistiques dans lesquels s’engage Xavier Machault depuis de nombreuses années, sont avant tout une histoire de circonstances, de rencontres humaines.

Il y a dix ans, il croise la route de Roberto Negro avec qui il forme un duo, qui deviendra par la suite le trio Buffle, lorsque les deux hommes sont rejoints par Pierre Dodet. De nombreux projets musicaux voient le jour : le ciné-concert Miracle à Milan de l’italien Vittorio De Sica, les centaines de représentations du Caravaning Club ou encore le spectacle de reprises de l’album L’incendie de Brigitte Fontaine qu’il joue avec Martin Debisschop, musicien de Nuage Fou, qui était en première partie du concert de Pelouse à la Bobine.

Si Roberto ne fait pas partie du groupe, c’est malgré tout grâce à lui que Xavier rencontre Valentin Ceccaldi et Quentin Biardeau, respectivement violoncelliste et claviériste/saxophoniste du groupe. Quand Roberto Negro part vivre à Paris, il rencontre un groupe avec lequel il crée le Tricollectif, dont font partie Valentin et Quentin. Et c’est le début d’une belle histoire.

 

Une forme brute, sans mise en scène

Dans les projets que mène jusqu’alors Xavier Machault, la recherche scénique est très importante. Pour Pelouse, c’est différent, les musiciens ont justement la volonté inverse, celle qu’il n’y ait pas de mise en scène, “qu’on reste bien sur une forme de concert claire, que les représentations restent des morceaux qui s’enchaînent” explique t-il. « Quelque chose de plutôt rock’n’roll dans la forme, sur des choses qui tournent, assez simples sans qu’elles ne soient simplistes, avec des textes pas trop sophistiqués, assez directs, assez bruts. »

 

Une inspiration de l’actualité qui ne donne pas son nom

Quand on demande à Xavier Machault ce qui l’a inspiré dans ses textes, il répond simplement : “la vie d’abord. J’avais envie d’être sur un propos plutôt politique sans être dans quelque chose de trop nommé ou de trop précis, même si souvent mes inspirations me viennent de ce qui m’entoure. » Et c’est ainsi que l’actualité vient rythmer ses proses. Tout était orchestré est par exemple inspiré des événements en Ukraine quand la place Maïdan à Kiev est le théâtre d’une révolution instrumentalisée, sans même que l’auditeur ne s’en rende compte.

On rencontre aussi beaucoup de gueules cassées ou de gens laissés sur le côtés dans les textes de Pelouse. Si Xavier ne veut pas être revendicatif, il veut tout de même, à travers ces histoires singulières, entretenir un propos politique avec un projet qui laisse l’imagination des spectateurs jouer son rôle. L’actualité dont il se sert n’est pas nommée ni reconnaissable.

Au delà de la noirceur de ces histoires, il y a aussi l’absurde de notre monde que Xavier Machault documente, chante et inscrit par le biais de ses mots dans le monde contemporain. Celui qui attend sa femme à la maison avant de la mettre dans le bain et d’y jeter le grille-pain. Celui qui fume sur son vélo et qui vit une victoire quelque peu pathétique quand il double d’autres cyclistes. Là encore, Xavier met en lumière son projet et sa recherche dans l’écriture : « je cherche à faire grincer les choses mais c’est plus pour faire ressortir la part d’humain de ces histoires et la fragilité de chacun. Ces personnages, je n’ai pas envie de les juger, je n’ai pas envie qu’il en ressorte un mauvais humain. »

 

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