Un son vacillant, ténu et incertain. Une écriture qui s’étiole dans une complexité jamais sûre de se faire entendre. Une voix qui résonne à la limite de son audibilité. Que ce soit dans la captation, l’écriture ou la diffusion, ou dans les caractéristiques propres d’un objet sonore, la fragilité accompagne bien souvent le geste créatif et rappelle toute la précaution qui se loge dans nos pratiques et nos désirs de faire et d’écouter. 

En décembre, Radio Campus Grenoble lance à un appel à création sonore et radiophonique au monde étudiant autour du thème retenu pour l’édition 2024 du Festival culturel universitaire de l’UGA : la fragilité. | Fragilités | en est le résultat : 8 œuvres provenant de  Cuneo, Genève, Grenoble, Mexico, Paris, Poitiers, tissant l’empreinte sonore de nos fragilités.

| Fragilités | fait partie de l’exposition collective Matière sensible ouverte du mercredi 27 mars au jeudi 4 avril à la Salle Dutrievoz à la Bastille (Grenoble). Le vernissage aura lieu mercredi 27 mars à 18h.

Du 26 au 29 mars, les 8 œuvres sélectionnées seront également diffusées sous formes de capsules sonores sur les ondes de Radio Campus Grenoble, à 9h15 et 12h.

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Phragile, Nicole Peccoud, 3’55 – Université de Genève. HETS de Genève

[poésie sonore] Des phrases incomplètes comme les multiples facettes d’un paysage amoureux. Se chevauchant ensuite, mais décalé temporellement, le même texte invente d’autres mots, ainsi de nouvelles perspectives d’accordage et de résolution des possibles, toujours tenues néanmoins par un fil faillible à la limite de l’intelligible, dont le train et le sonar en arrière-plan échoïsent alors en négatif l’apparence d’une maîtrise de l’espace et des liens.

Ave Madre, Franceso Cesario, 5’02 – Conservatorio G.Ghedini di Cuneo 

[musique acousmatique] Une mère qui prie. La voix se superpose, se transforme. Tout comme l’eau, elle change de forme en fonction du récipient dans lequel elle est placée. Le texte émerge à peine et seulement le timbre devient sensible.

Vocal Fry Exercices, Benjamin Séléné, 7’08 – EHESS

[création sonore] À l’origine de cette création, il y a une fascination pour les voix graves et pour les exercices qui permettent de l’obtenir. Il y a l’envie de trouver cette voix la plus grave, celle qui finalement tressaille, celle qui saute, qui s’enraye à vouloir descendre. Celle qui en devenant caverneuse, à la recherche d’une voix entendable, légitime, pourrait se blesser, devenir presque inaudible.

Teallgion, Elliot Hernández, 2’52 – Universidad Nacional Autónoma de México

[musique] Composition en deux temps. Le premier, celui de la mémoire, des bribes de souvenirs, une réminiscence à la chronologie non linéaire. Le second, la brutalité linéaire du présent. Piano, field recording et de synthèse sonore. 

Parler comme un autre, Juliette Rey,  9’44 – CREADOC, Université de Poitiers

[Autoportrait sonore] Deux voix se questionnent, résonnent autour de la question de l’amour de soi et du regard des autres. C’est un chant délicat, parfois inaudible, bousculée par une danse de l’intime pour une interrogation poétique sur soi-même. Plus de créations ici

Loinaître, Valentin Sismann,  5’30 – Université Paris VIII. Conservatoire de Pantin

[musique acousmatique] Un être, au loin, naître. Plus d’infos

Transpolar Drift Stream, Arthur Bokowski, 1’50 – IMEP2 Université Grenoble- Alpes

[musique] Un monde où les notes naissent, résonnent pour finalement disparaître lentement dans la brume.

Une jeunesse chinoise, Keer Deng, 3’14 – Université Grenoble-Alpes

[prose] Dans l’immensité de la Chine moderne, où les gratte-ciels flirtent avec les cieux et les traditions se mêlent aux innovations, les jeunes âmes errent, tiraillées entre hier et demain. 

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En partenariat avec l’Université Grenoble-Alpes