En septembre, la radio a démarré sa nouvelle saison radiophonique, avec son lot de nouveautés.
Afin de valoriser les nouvelles émissions produites à Grenoble, nous vous proposons des articles réguliers pour aller à la rencontre de celles et ceux qui font la radio.
Aujourd’hui, vous avez rendez-vous avec Matthieu Angotti qui propose La Fabrique Politique, le jeudi à 13h.
Une rencontre retranscrite par G. P.

>> Ecouter les podcast de l’émission

 

Bonjour Matthieu, pourrais-tu te présenter à nos auditeurs ?
Bonjour je m’appelle Matthieu Angotti, ça fait 15 ans que je travaille dans l’univers du social. En ce moment je m’occupe du CCAS à Grenoble.

C’est quoi le CCAS ?
Dans les villes de France, le CCAS s’occupe des questions sociales : les crêches, maisons de retraites, l’hébergement… On ne fait pas tout ! Mais la plupart des villes ont un CCAS.
J’ai connu des fonctions très différentes: d’abord dans les études et la recherche sur les politiques sociales. Après j’ai travaillé dans une fédération d’associations du secteur social. Après j’ai travaillé dans un cabinet ministériel…

Comment en es-tu venu à réaliser une émission pour Campus Grenoble (90.8) ?
Quand j’étais lycéen, j’ai participé à une émission de radio. Ca a été un souvenir très marquant pour moi, du coup j’ai toujours un peu rêvé de recommencer un jour. Un jour, je suis tombé par hasard sur Pedro, le président de Campus Grenoble. Il m’a expliqué que c’était une radio ouverte, on peut venir avec un projet et si on est sérieux on passe à l’antenne.


« Dans chaque émission, on prend un thème qui permet d’expliquer qui fait quoi dans nos institutions. »

Avec ton émission « La Fabrique Politique », tu voudrais mettre la politique à nu ?
J’aimerais transmettre ce que j’ai vu de la réalité de comment marche la politique. Dans cette émission on ne parle pas de communication politique, ou bien de débats entre partis ; mais vraiment le « qui-fait-quoi », tous les jours, dans le logement, l’emploi, la santé…C’est ça la Fabrique Politique : dans chaque émission, on prend un thème qui permet d’expliquer qui fait quoi dans nos institutions.

Parce qu’on connait mal nos institutions ?
Oui. Je pense qu’on connait très mal la réalité des métiers, des fonctionnements, des processus de décisions. On connait tout ça très mal. Et je pense qu’on fait de meilleurs choix, en tant que citoyen-e-s quand justement on connait mieux la machine politique. Quand on est amené à voter, à participer: notre choix peut être alors mieux éclairé. A chaque émission, j’invite un témoin qui raconte de l’intérieur une institution ou un sujet: un objet politique, quoi. On part de ça.

 

 

Ton émission est-elle politiquement affiliée ?
J’ai des idées et des convictions, mais on essaie dans la Fabrique de ne pas être étiqueté politiquement. On veut laisser l’auditeur faire ses choix.

« Plus on monte dans les échelons du pouvoir, moins on y trouve de participation et plus on y trouve de technocratie. »

Si on veut suivre l’émission La Fabrique Politique, par quel épisode on doit commencer ?
Celle sur la gestion des attentats est très marquante.
>> Ecouter les podcast de l’émission

Tu as travaillé à Matignon, auprès de Jean-Marc Ayrault de 2012 à 2014. Quelle expérience t’as le plus marqué durant ta vie politique?
Déjà je t’arrête tout de suite, je ne suis pas un homme politique ! Un truc que j’ai appris plus tôt dans les associations, c’est d’essayer de développer la participation des citoyens à la politique; y compris les citoyens les plus en difficultés. Le problème c’est qu’en général cette participation s’arrête très vite dès qu’on grimpe dans les hautes sphères. Plus on monte dans les échelons du pouvoir, moins on y trouve de participation et plus on y trouve de technocratie.

L’homme politique n’est pourtant pas lui-même dans une forme de participation ?
Si, mais… c’est son métier. Plus on monte, plus la politique est professionnalisée justement. Et donc, quand j’étais au cabinet, une histoire qui m’a marqué c’était le dossier sur la Garantie jeunes.

 


« Cette fois-là, la participation ne s’est pas arrêtée quand c’est devenu sérieux. »

Que s’est-il passé sur ce dossier ?
On a travaillé sur ce dispositif de manière très ouverte avec des citoyens, des chercheurs, des experts, des associations… Ça c’est classique. Mais la différence c’était qu’à chaque étape de décision, on a gardé la présence des citoyens. Au tour ultime, quand le Premier Ministre devait dire « oui » ou « non », on était 5 dans son bureau : lui, deux conseillers, un expert et une citoyenne de seulement 19 ans. On était tous là dans le bureau du Premier Ministre. On a réussi à faire de la participation jusqu’au sommet. Ca m’a marqué car j’ai vu ce processus de participation aller jusqu’à son terme, dans sa richesse. Cette fois-là, la participation ne s’est pas arrêtée quand c’est devenu sérieux.

Ton souhait serait que les gens participent plus à la politique ?
Pour moi c’est la facon de faire de la politique de manière pertinente, de trouver des bonnes idées. C’est aussi une façon de renouer les liens entre les citoyens. Ça a une certaine efficacité démocratique.

Merci Matthieu on se retrouve sur les ondes et même en BD, puisque ton expérience au ministère a donné lieu à Désintégration, Journal d’un conseiller à Matignon.